Bonne nuit ! Matériel de bivouac en trek (sac de couchage, matelas, etc.)

Dormir dehors, tout naturellement, quel bonheur ! Même loin du confort habituel de la maison, les nuits de bivouac peuvent être aussi très reposantes, grâce au silence, à la qualité de l'air, la proximité immédiate du sol et de la voute céleste. Ce n'est pas pour rien que j'aime aller dormir dehors et emmener des groupes bivouaquer ! Ceci dit, quelques choix de matériel permettent de maximiser les chances d'un bon sommeil réparateur. C'est la raison d'être de cette page.

 

 

Je suis toujours un peu hésitant à nommer des modèles et marques... de crainte surtout de laisser croire qu'il est nécessaire d'investir des centaines de francs dans du matériel pour venir marcher avec moi... ce qui n'est pas du tout le cas !

Mon intention est de vous fournir des repères pour vos achats, locations ou emprunts à des amis, et de témoigner du matériel que j'utilise et à partir duquel je vous partage mes conclusions. Néanmoins, si vous avez les moyens et l'élan de poursuivre les aventures en nature, je commencerais mes investissements par ces pièces de matériel (sac de couchage et matelas de sol), plutôt qu'une veste dernier cri, un appareil photo high tech ou des pantalons hyper techniques.

 

L'essentiel des treks et sorties que je propose ont lieu en moyenne montagne, entre 1000 et 2500 mètres d'altitude. Ici comme ailleurs, trois pièces principales constituent votre couchage : 

  1. Votre sac de couchage : pour dormir au chaud
  2. Votre matelas de sol : pour vous isoler du sol et vous allonger confortablement
  3. La tente, tarp ou abri : pour vous abriter de la pluie (fourni par mes soins)

1. choisir votre sac de couchage

 

QUELLE CHALEUR ET QUELLE ISOLATION ? J'utilise personnellement un sac de couchage assez chaud (confort -5°C), car j'ai facilement un peu froid la nuit et que j'aime la tranquillité d'esprit d'un bon repos. C'est un choix personnel, des gradation de températures moins importantes vont aussi très bien. Pour l'isolation, je privilégie la plume au synthétique, pour le rapport poids/isolation sans équivalent. Si vous prévoyez d'utiliser votre sac de couchage dans des contrées plus humides, ou si vous êtes véganes, alors le synthétique est une bonne option, car le gros désavantage du duvet est qu'une fois humide, il sèche lentement et surtout n'isole plus du tout.


En choisissant un sac de couchage, rappelez-vous que ce n'est pas lui qui vous réchauffe, il ne fait qu'isoler la chaleur que vous rayonnez. Ce qui chauffe c'est vous (mangez chaud et suffisamment le soir) ainsi qu'une éventuelle bouillotte, et ce qui isole c'est l'air retenu par la plume ou l'isolant synthétique. Donc en gros plus ça gonfle, plus cela retient d'air et plus c'est chaud ! 
Important : au-delà des grands discours des vendeurs et des promesses de températures de confort, allongez les sacs de couchage au sol dans le magasin et comparez les gonflants côte à côte ! C'est parfois bluffant !
Si vous achetez un sac en duvet, vérifier encore deux choses : la source du duvet (label RDS stipulant que le duvet n'a pas été prélevé sur des animaux vivants) et que son gonflant est d'au moins 800 cuin (volume par poids).

QUELLE TAILLE ? J'apprécie de mon côté avoir une taille supplémentaire en longueur (je mesure un peu plus de 180 cm et je prends des sacs de couchages de 200 cm), afin d'avoir de l'espace pour quelques habits au fond du sac de couchage, à enfiler chauds le matin. Mais cela veut dire aussi un peu plus de poids.

QUELLE FORME ? La forme "momie" optimise le volume d'air à chauffer en dormant et le poids de matériel à porter, mais cela peut être un peu serré pour certain.es. N'hésitez donc pas à essayer les sacs de couchages, à vous glisser dedans en magasin, les refermer jusqu'en haut et imaginer y passer quelques heures... J'utilise aussi parfois un "quilt", sorte de grande couverture attachée ensuite au matelas de sol, ce qui permet d'avoir davantage d'espace pour les jambes, mais qui est aussi globalement moins chaud qu'un duvet fermé, d'après mes expériences de dormeur qui bouge beaucoup.
DES MODELES à RECOMMANDER ? A chacun ses préférences et ses priorités (un bon sac de couchage durable coûte souvent très cher) lorsqu'il s'agit d'achats de matériel. Je passe chaque année une part importante de mes nuits dehors, alors j'ai investi dans les modèles suivants :
Western Montaineering, modèle Antelope GWS (1380 g). C'est mon second sac de ce modèle en plus de 20 ans, et une des pièces de matériel qui a accompagné presque tous mes voyages. Vous trouverez ce sac chez Cactus Sport à Genève, chez Transa (Berne, Zurich, ...) et sans doute chez d'autres revendeurs locaux. Je l'ai en tissus Windstopper (GWS), ce qui n'est pas nécessaire.
Western Montaineering, modèle Lynx. Très chaud et assez lourd, il me suit dans mes randonnées hivernales et nuits dans la neige. 
ZenBivy Light Bed 10. Parfait pour les treks l'été, confort du "quilt" et assez chaud la plupart du temps pour le Jura. J'ai déjà eu trop chaud en été au Tessin avec, mais aussi trop froid dans les Alpes avec ce modèle.
Mes ami.es et mes proches ont aussi des sacs des marques Exped, MontBell et Valandré, qui semblent tous satisfaisants. J'ai aussi un sac de couchage double (pour dormir à deux) de la marque BigAgnes, de facture tout à fait correcte, mais pas au top niveau rapport poids/isolation.
TRANSPORT ET ENTREPOSAGE S'il n'est pas fourni avec, un sac de compression imperméable pour transporter le sac de couchage permet à la fois de minimiser la place qu'il prend dans le sac à dos et de garantir de dormir au sec même en cas de déluge. 
A l'inverse, conservez toujours votre sac de couchage dans un très grand sac ample et respirant (en filet, ou une housse de couette usagée, p.ex.) au risque de réduire drastiquement la durée de vie de votre matériel.

2. choisir votre matelas de sol (matelas de camping)

Un "bon" matelas de sol fait toute la différence !
"Bon", cela veut dire pour moi : léger, chaud et confortable (et s'il est pratique à gonfler/dégonfler, c'est encore mieux).

 

LEGER C'est à dire pas plus de quelques centaines de grammes (500 g grand max). Les gros matelas prévus pour le camping en voiture sont à proscrire pour un trek.

 

CHAUD Même dans le meilleur des sacs de couchage, la partie sous votre corps n'isole presque pas puisqu'elle est compressée par votre propre poids. Une échelle internationale, même imprécise, permet de se repèrer sur le degrés d'isolation thermique que le matelas aura entre votre corps et le sol. Il s'agit de la "R value". En plein été sur sol chaud, une valeur R de 1 à 2 est ok. En hiver sur la neige, une valeur de plus de 5 est nécessaire. Votre matelas devrait donc être quelque part entre les deux... L'isolation peut être légèrement améliorée par une couverture de survie à glisser entre le sol et le matelas. Certains modèle incorporent de la plume dans le matelas, pour plus de chaleur, mais aussi un peu plus fragile si gonflé avec de l'air humide.

 

CONFORTABLE J'ai voyagé pendant des années avec des matelas en mousse assez fins, peu moelleux et cela a très bien été. Mais un matelas gonflable de 5 ou 6 centimètres d'épaisseur, où je peux dormir sur le côté sans souffrir, et qui compense les petites aspérités du terrain, c'est tellement mieux ! De même, malgré les quelques dizaines de grammes supplémentaires, j'aime utiliser un matelas assez large (64 cm) plutôt que de largeur standard (50 cm) afin que mes épaules reposent bien au chaud quand je suis sur le dos. Sans doute que ce supplément de largeur n'est pas nécessaire si vous n'êtes pas large d'épaules. 

 

Ceci dit, plusieurs participant.es à mes treks utilisent des matelas en mousse assez basiques et y dorment très bien.

 

A propos de confort, la rituel de préparer et ranger son matelas comptent aussi... dans ce sens  j'éviterais les systèmes de gonflage intégrés au matelas (genre pompes encastrées où il faut positionner les deux mains d'une certaine manière), tout comme des systèmes sophistiqués genre grande ouverture qui se replie... j'ai surtout assisté à la galère des copains qu'à leur satisfaction avec ces systèmes.

 

Des modèles à recommander ? Depuis des décennies, j'utilise les matelas de la marque Therm-A-Rest avec satisfaction, même s'ils sont loin d'être parfaits. Malgré leurs imperfections, ils ont l'avantage d'être garantis à vie (donc remplacés en cas de défaut même des années après l'achat). La marque Exped a aussi une nouvelle gamme de matelas (2022) que je ne connais pas mais qui a l'air prometteuse.

 

J'ai utilisé ces modèles dernièrement :

 

  • Therm-a-Rest Xtherm - très chaud, robuste, cher, facile à gonfler et à dégonfler grâce à - enfin ! - la nouvelle valve de Therm-a-rest. Je me surprends à le prendre même en été car il ne m'a jamais fait faux bond. Un peu bruyant quand on bouge dessus en raison des isolations en feuilles d'aluminium. J'ai le modèle large et long, format momie.

  • Therm-a-Rest Uberlite - très léger et compact, confortable... mais très fragile aussi. J'ai déjà eu à deux reprises des fuites d'air en rando (réparables) mais une dernière fuite que je n'ai pas trouvée (juste assez faible pour ne pas la voir, mais assez importante pour que le matelas se dégonfle) me retiennent de l'utiliser à nouveau, malgré son poids plume et son encombrement minime. Plusieurs utilisateurs ont eu des décollements de cloisons et autres défauts sur ce modèle qui a priori a subi quelques mises à jour en 2021. J'ai le modèle "regular".

  • J'ai aussi un matelas double Exped qui est particulièrement facile à gonfler et à dégonfler avec le sac de gonflage fourni. Je l'utilise avec le sac de couchage double Big Agnes mentionné plus haut. Très bonne qualité aussi.

 

Pour un achat polyvalent, la série NeoAir Xlite a très bonne réputation. Pour une mousse simple, les ZLite de Therm-a-Rest sont durables et bien isolants, ainsi que les mousses en Evazote, particulièrement solides et d'épaisseurs variables. D'autres matelas en mousse basiques et légers existent aussi chez Décathlon ou dans d'autres magasins de sport. Cela peut faire l'affaire, bien sûr.

 

 

3. le fameux tarp

Depuis près de vingts ans, je bivouac essentiellement sous un "tarp", toile imperméable légère et de format carré ou rectangulaire. Combinée à un bâton de marche, une branche, quelques sardines et des tendeurs, un tarp est extrêmement versatile et pratique en rando. Monté près de sol en cas de vent, plus haut en cas de fine pluie... ou pas du tout pour profiter d'une nuit sous les étoiles !

 

J'emmène donc des tarps pour chacune et chacun dans nos bivouacs. Je n'entre pas dans les détails ici, mais je vous montrerai quelques noeuds utiles, et des techniques basiques pour arriver à construire votre propre abri pour la nuit.

et en complèment...

Je propose aux participant.es de mes trek et bivouacs d'emporter une bâche d'environ 1m par 2m à glisser sous leur matelas de sol. Cela protège ce dernier de l'humidité et du sol parfois terreux ou abrasif de la forêt. Une bâche de protection pour la peinture, découpée aux bonnes dimensions (pour gagner du poids), fait tout à fait l'affaire, ainsi qu'une de ces bâches robustes pour la jardin. Si vous voulez la version "high tech" à réutiliser encore et encore, vous pouvez chercher dans les matières suivantes : 

  • Polycro (très léger, fin, transparent)
  • Tyvek (pas 100% imperméable mais très résistant aussi aux perforations)
  • Dyneema (100% imperméable, ultra léger, peu résistant aux perforations, presque indéchirable, et... très cher)

 

De même, j'emporte souvent avec moi un sac de bivouac comme protection supplémentaire. Mais là aussi, mieux vaut du bon matériel respirant (GoreTex, Event) et donc assez cher que du bas de gamme qui transforme votre couchage en sauna trempé de transpiration (vous perdez plusieurs décilitres d'eau en dormant, d'où l'importance d'avoir du matériel qui respire).

Petit matériel pour longues nuits

Voici encore quelques petites choses qui font la différences pour bien dormir et qui peut-être vous parleront...

  • des boules quies ou petits bouchons d'oreilles... au cas où le voisin ronfle ou que la pluie fait trop de bruit sur la toile...
  • une lampe de poche frontale avec lumière rouge (pour se repérer au milieu de la nuit sans réveiller les autres et sans déshabituer nos yeux)
  • un bonnet assez grand pour me couvrir les yeux (pour garder la tête au chaud et si nécessaire me protéger de la lumière en cas de grasse matinée...)
  • une gourde qui ferme bien et que je peux remplir d'eau chaude et recouvrir d'une chaussette pour en faire une bouillotte en cas de fraicheur du soir
  • un collant et un haut très fins pour dormir au sec sans la sensation du tissus synthétique du sac de couchage sur la peau

... et en hamac ?

Une question qui revient régulièrement est l'opportunité d'emporter un hamac pour y dormir. Pour les randos dans le Jura où la forêt n'est jamais loin, et si vous avez l'habitude de bien y dormir, je dirais : oui !  Rappelez-vous simplement que nous ne sommes pas sous les tropiques, et que dans un hamac l'isolation de votre sac de couchage est souvent compressée à la fois sous mais aussi autour de vous, ce qui rend les nuits potentiellement plus fraiches. 

Incorporer un matelas de sol dans le hamac (certains modèles sont prévus pour cela) est une bonne idée. Il existe aussi des couvertures à suspendre sous le hamac pour isoler par l'extérieur.

Testez votre système de couchage pour une nuit au moins avant de partir, car dormir 7 ou 8 heures en forêt n'est pas pareil qu'une petite sieste au soleil après l'apéro... ;-)

 

J'ai personnellement plusieurs fois utilisé des hamacs, et même des modèle haut de gamme qui permettent de dormir bien à l'horizontale, mais je préfère maintenant m'allonger au sol (surtout parce que je dors souvent sur le côté).

 

En cas de pluie, il est possible de monter le tarp entre deux arbres au-dessus du hamac, dans la plupart des treks que je propose en tous cas. 

 

Si vous décidez de prendre votre hamac, merci de vérifier avec moi si cela est adapté à l'itinéraire et au matériel commun que j'emporte.

où faire mes achats ?

Ces dernières années, de nombreux petits commerces de matériel de montagne ont fermé, en raison entre autres du commerce en ligne et des grandes chaînes qui ont des prix cassés. En même temps, la réalité financière de chacun.e, la disponibilité des produits, la bonne entente avec les vendeurs et leurs conseils comptent aussi !

 

Je vous invite donc à faire confiance à votre intuition, et à donner votre argent là où cela fait sens pour vous.

 

Si les prix sont (parfois) plus intéressants dans les grands magasins, les conseils y sont parfois catastrophiques (je n'attends pas d'un vendeur qu'il me répète juste les arguments de vente de la marque...). En cas de doute, ma technique est d'aller boire un café, de vérifier en ligne quelques infos et en cas d'achat retourner dans le magasin qui m'a accueilli et conseillé.

 

Pensez aussi à aller faire un tour sur les sites de vente de seconde main (Anibis, Tutti, Ricardo pour les suisses) on y trouve souvent du matériel en parfait état à des prix cassés car leurs acheteurs n'en ont plus l'utilité. Si vous avez une référence précise de matériel, c'est encore mieux.